Vers la fin du travail répétitif ?

MECCANO

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8 millions de salariés en France exercent un métier « pénible » ! Tel est le constat accablant dressé par une récente étude de la DARES. Ainsi, 40% des actifs seraient exposés à un facteur de pénibilité au minimum, tel que la répétitivité. Une étude américaine évoque cependant le déclin de métiers répétitifs : donc de la pénibilité au travail ?

Revenons tout d’abord dans notre pays. Une réforme des retraites a notamment été adoptée afin de répondre à deux principaux objectifs : contribuer à réduire la pénibilité du travail et les durées d’exposition ainsi que la volonté de prendre en compte des périodes de pénibilité dans la définition des droits à la retraite. Plus concrètement,  un compte personnel de prévention de la pénibilité est disponible, depuis le 1er janvier 2015, pour tout salarié exposé à au moins un des 10 facteurs de pénibilité exprimés par la loi (dont 6 qui entreront en vigueur à partir du 1er janvier 2016). Ceux-ci se regroupent en trois catégories distinctes : les contraintes physiques qui découlent de la nature du travail, celles relatives à l’exposition à des environnements agressifs et enfin celles concernant les rythmes de travail. Parmi ces dernières, on retrouve le travail de nuit, le travail en équipes successives alternantes ainsi que le travail répétitif. Mais qu’entendons-nous vraiment par « travail répétitif » ? Quel(s) risque(s) engendre-t-il pour la santé des salariés ? Comment lutter contre ce phénomène ? Coup de projecteur sur ce phénomène.

Le travail répétitif est encadré par la loi. Il est caractérisé par « la répétition d’un même geste, à une cadence contrainte, imposé ou non par le déplacement automatique d’une pièce ou par la rémunération à la pièce, avec un temps de cycle défini » (article D 4121-5 du Code du Travail). Une répétitivité gestuelle importante peut alors se caractériser par un temps de cycle inférieur à 30s ou l’exercice d’une activité répétitive pendant 50% du temps de travail (norme NF EN 1005-5). « Tout travail de longue haleine, répétitif, suppose l’ambition d’être toujours meilleur » affirmait Bernard Pivot (qqcitations.com). Or ce perfectionnement incessant peut apparaître comme étant néfaste pour la santé physique et mentale des salariés, entraînant des pathologies souvent très lourdes.

En effet, le risque d’atteinte musculo-squelettique est aggravé lorsque la fréquence d’actions est supérieure à 40 actions techniques par minute. Les gestes répétitifs à fréquence élevée constituent l’un des facteurs de risque bien identifié des TMS (troubles musculo-squelettiques). Ils peuvent prendre la forme de simples gênes, de difficultés à réaliser correctement son travail jusqu’aux arrêts de travail voire aux handicaps. A titre d’exemple, en 2010, les TMS ont occasionné près de 100 000 accidents de travail, plus de 8 millions de journées de travail perdues et ont coûté près de 800 millions d’euros à l’Etat français, devenant le premier facteur d’inaptitude au travail (CNAMTS, 2010). Ces difficultés physiologiques s’accompagnent régulièrement de problèmes psychiques liés au caractère monotone et démotivant des tâches à accomplir.

Face à l’importance de ce phénomène, deux économistes américains tendent à être optimiste quant à l’avenir de ce type d’emploi. La conclusion rendue par Henry Siù et Nir Jaimovich dans le Wall Street Journal est rassurante : les emplois liés à des tâches répétitives disparaissent aux Etats-Unis. Depuis 30 ans, le nombre de postes relatifs à ce type d’emplois a chuté de 5%. Pourquoi ? « Un changement fondamental s’est produit dans la façon dont se comporte le marché du travail » affirme Siù. Les automatisations prédominent sur les délocalisations. Les emplois répétitifs ont été remplacés progressivement par des machines, victimes des progrès technologiques. Est-ce pour autant le déclin de l’homme dans le monde professionnel au profit des nouvelles technologies ? Pas vraiment. Depuis la fin des années 80, plus de 22 millions d’emplois non répétitifs et intellectuels ont été créés par l’économie américaine. Et depuis 2001, la création d’emplois est venue uniquement de tâches non répétitives. « Nous ferons ce que nous avons toujours fait. Les capacités humaines permettent de nous adapter. Nous allons accroître notre avantage comparatif » conclut Siù. Ces résultats peuvent-ils se dupliquer sur notre territoire ? Il serait intéressant de tirer un premier bilan du compte personnel de prévention de la pénibilité à la fin de l’année.

Pour Nouvelle Heure, il convient effectivement de diminuer la répétitivité des tâches afin de réduire la pénibilité du travail et renforcer l’épanouissement personnel et professionnel. Espérons que cela soit le sens de l’histoire du monde du travail.

Alexandre

Nouvelle Heure, prévention des risques psychosociaux

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